Esprit d'hiver - Laura Kasischke
Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d'angoisse inexplicable. Rien n'est plus comme avant. Le blizzard s'est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant...
De Laura Kasischke, découverte avec La vie devant ses yeux, puis En un monde parfait, j'aime les atmosphères étranges, brumeuses, le flou de la frontière entre le réel et l'imaginé. J'aime ses personnages -féminins- tourmentés, angoissés, introspectifs, auxquels on a envie de dire "Pause. Arrête de te faire des noeuds au cerveau. Vis l'instant présent". (et ne me stresse pas comme ça alors que je lis juste quelques pages avant de me coucher...)
Lecture difficile à chroniquer que cet Esprit d'hiver, si l'on tient à ne pas trop en dévoiler. Lecture addictive, en tout cas, qui donne envie de savoir, de comprendre. Laura Kasischke maîtrise toujours autant la capacité à alterner passé et présent, à créer un malaise chez son lecteur autant que chez son personnage. Dans ce huis-clos mère-fille, qui se déroule au cours d'une seule journée, l'atmosphère se fait étouffante, oppressante. J'ai parfois eu l'impression de ne pas avancer, de faire du sur-place, de rester des heures sur quelques pages tant le contenu en était "épais". La tension va crescendo alors que Holly semble sombrer dans la folie et l'angoisse communicative, alors qu'elle nous promène entre le Michigan et la Russie, entre maintenant et hier.
Si la fin n'est, pour ma part, pas aussi inattendue que ce qui en a été dit par ailleurs, là n'est pas l'important selon moi. L'essentiel est dans ce qui nous y emmène : dans l'étrangeté, le malaise et la tension qui montent, dans ces petits cailloux que l'auteur a semés et que l'on aimerait aller retrouver après avoir terminé le livre, lors une seconde lecture.
Le Kasischke 2013 est un grand cru, du tout grand Kasischke, qui la classe définitivement dans mes auteurs de prédilection.
2/6