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Ce que Marguerite lit
10 octobre 2013

Marya, une vie - Joyce Carol Oates

marya

Marya Knauer a huit ans quand son père est tué dans une rixe. Un peu plus tard, sa mère la confie à une tante et un oncle avant de disparaître complètement. Cette jeune fille secrète, solitaire, apprend la peur, la cruauté. Au lycée, elle devient brillante et bien supérieure aux autres, ce qui la condamne à encore plus d’isolement. Elle entre à l’université et se plonge violemment dans l’écriture, en développe une passion proche de la folie. Il lui faut encore attendre quelques années pour connaître un amour heureux avec un journaliste, mais Marya si forte dans le désespoir saura-t-elle maintenir une vie heureuse ? On la quitte alors qu’elle entame une recherche sur son passé et surtout sur sa mère qui lui disait si souvent : « Ne commence pas à pleurer, tu ne pourras plus t’arrêter.»

 

Orpheline de père, abandonnée par sa mère, recueillie avec ses deux jeunes frères par son oncle paternel, Marya grandit dans un milieu défavorisé. Subissant le caractère ambivalent de sa tante (pas franchement maltraitante mais parfois dure en paroles, tout en lui offrant quelques souvenirs d'enfance gais et joyeux) ainsi que le harcèlement de son cousin, se sentant en outre en marge de ses camarades de classe, elle se réfugie dans ses études. Contrairement aux habitudes de son milieu, elle ne se marie pas à l'issue de ses études secondaires mais, munie d'une bourse, elle entre à l'université. Ce passage sera marqué par une grande violence, que l'auteur préfère suggérer plutôt que raconter.
Marya l'étudiante, obligée d'obtenir de très bonnes notes si elle veut conserver sa bourse, se montre acharnée, quasi obsessionnelle, ne s'autorisant pas la moindre faiblesse sur le plan scolaire. Son intégration est difficile : elle n'a pas de vraies amies au sein de sa pension, et la seule étudiante avec qui elle se lie davantage, brièvement, et dont elle intègre tout aussi superficiellement le groupe, est d'un milieu opposé au sien. 
A force de travail et de persévérance, Marya entre dans le monde académique, dont elle gravit petit à petit les échelons. Sur le plan personnel, les choses restent par contre difficiles, ses relations, jamais très longues, ne sont souvent qu'adultères.
Toujours, en arrière-plan, l'absence de sa mère, dont elle se demande si elle est encore en vie, si elle la retrouvera un jour.
Les textes de présentation parlent d'un livre très personnel. Dans quelle mesure, je l'ignore, ne connaissant pas particulièrement la biographie de JC Oates.

Joyce Carol Oates, auteur très prolifique, possède un style bien à elle, fait d'une maîtrise parfaite de la langue et d'une immersion réussie dans la tête de ses personnages. Ce roman (le quatrième que je lis d'elle, si je compte bien) n'échappe pas à la règle. Elle trifouille à loisir dans les pensées de Marya, ses souvenirs, ses obsessions, ses inquiétudes. Peut-être trop, parfois. Et c'est d'ailleurs un "reproche" que je lui adresse à chaque lecture. Elle me donne l'impression, au bout d'un moment, de tirer un peu trop en longueur, de donner trop de détails qui, pour moi, ne sont pas absolument nécessaires (je pense ici aux pages relatives au prêtre, par exemple). C'est perturbant parce que, si je compare à Laura Kasischke qui, elle aussi, tourne et retourne parfois la même idée sans fin dans le crâne de son héroïne, l'effet produit sur moi n'est pas le même. C'est un peu dommage, parce que je me dis que j'aurais nettement préféré quelques pages en moins pour rendre le tout plus alerte ou plus fort. Mais d'un autre côté, ce n'est pas absolument rébarbatif, pas gênant au point d'en stopper la lecture, ne serait-ce que parce que c'est si bien écrit. C'est parfois long, oui, mais ça ne me tombe pas des mains. Bref, j'ai un sentiment un peu ambivalent envers cette auteur, que je n'arrive pas à exprimer clairement. Je commence ma lecture enchantée, je souffle un moment parce que je ressens une certaine lassitude et que je pense au roman que je veux attaquer par la suite, et au final ça reste une très bonne lecture, un roman très bien écrit que ce soit en terme de langue ou de style. Et dans le cas présent, après avoir regretté une certaine longueur, je suis restée finalement sur ma faim une fois tournée la dernière page. Un comble!
C'est, en tout cas, une auteure que je vous invite chaleureusement à découvrir si vous ne la connaissez pas encore (et vous me donnerez votre avis, que je sache si je suis vraiment perturbée ou si cette impression est partagée ;) ) 

challengeus1

 

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Commentaires
A
ça me fait un peu le même effet que toi donc si tu es dérangée je le suis aussi lol !<br /> <br /> Pareil, arrivée à un stade de ma lecture de Oates, je m'essoufle et ai envie de passer à autre chose puis mon intérêt revient et une fois le livre terminé, je ne peux pas dire que je n'aime pas, au contraire ! C'est vrai qu'il y a parfois quelques longueurs mais j'admire beaucoup son écriture et cette faculté qu'elle a de s'immiscer dans la tête de ses personnages, comme tu le fais si bien remarquer ! <br /> <br /> Bizarrement, tu me donnes envie de lire... du Laura Kasischke. Je n'ai encore jamais testé mais je lui tourne autour depuis longtemps. Il va falloir que je me décide à sauter le pas, sans doute avec les Revenants...
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N
Décidément, va falloir que je découvre vraiment cette auteure :)
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T
Je n'avais encore jamais croisé ce titre sur la blogo! avec JCO c'est quitte ou double pour moi, enfin quand je dis double je n'ai encore pas eu de coup de coeurs, mais il y en a que j'ai vraiment détesté, je pense notamment à Rape : a love story.
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A
C'est marrant, je n'ai pas eu souvent l'impression que JCO faisait trainer les choses alors que je viens de lire mon premier Kasischke (Suspicious River) et que je me suis ennuyée, j'ai eu l'impression que l'histoire n'avançait pas. J'en lirai d'autres pour voir si ce sentiment persiste, on pourra peut-être en rediscuter !
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