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Ce que Marguerite lit
5 février 2014

La route - Cormac McCarthy

la route

L’apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres. On ne sait rien des causes de ce cataclysme. Un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d’objets hétéroclites et de vieilles couvertures. Ils sont sur leurs gardes car le danger peut surgir à tout moment. Ils affrontent la pluie, la neige, le froid. Et ce qui reste d’une humanité retournée à la barbarie. 

Difficile roman que celui-ci, à plusieurs points de vue. J'avoue avoir eu beaucoup de mal à y entrer dans un premier temps, en raison de sa narration, notamment du manque de ponctuation et de l'absence d'identité des personnages. Mais j'ai persévéré et j'ai finalement compris à quel point cette écriture, austère, sert le récit. Elle vient en appui du vide et de la désolation. Elle se veut dépouillée comme l'est le monde dans lequel ils vivent, comme ils le sont eux-mêmes, ne possédant presque plus rien et même pas un nom (jusqu'au bout, ils resteront "l'homme" et "le petit"). Dès les premières pages, l'auteur nous plonge dans cette désolation, dans cette Terre post-apocalyptique couverte de cendres et où tout est mort. Les mots relatifs à l'obscurité, au gris, à la nuit, au froid, tournent en boucle, et on a l'impression d'être soi-même en train de chercher un peu de chaleur et de tenter de se débarrasser de cette couche de poussières qui recouvre tout. Alors on les suit, affamés, poussant un caddy regroupant leurs maigres affaires, sous la pluie, sous la neige, dans le froid. On les regarde se blottir sous une bâche pour passer la nuit, chercher leurs traces de pas pour retrouver leur chemin, surveiller leurs arrières de crainte d'être attaqués, volés, tués.
C'est à la fois terrifiant (certains passages sont vraiment très durs et laissent le coeur au bord des lèvres) et poignant.
Les dialogues nous montrent un père qui tente de protéger son fils comme il le peut, qui voudrait lui faire comprendre le danger sans trop l'effrayer, qui voudrait lui éviter de voir les corps ponctuant la route, qui le presse de continuer tout en voulant le ménager, qui veut garder espoir pour lui, tout en se préparant au pire. Un père, simplement. 
Il reste en refermant ce livre une émotion vibrante, bouleversante, un désir, ressenti à plusieurs reprises, de prendre "le petit" dans les bras, de le rassurer, de lui dire que ce n'est pas grave, que ce n'est pas de sa faute s'il a eu peur, ou s'il a oublié, ou s'il n'a pas pu... L'envie de mettre des couleurs par-dessus tout ce gris et de lui rendre la part d'enfance qu'il a perdu.

 

Lecture commune pour le groupe Anticipation sur FB

anticipation

 

challengeus1

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Commentaires
V
Je vais attendre un peu pour le lire même si ton billet donne envie ;-)
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