La femme de Parihaka - Witi Ihimaera
C'est à un voyage en Nouvelle-Zélande que je vous convie aujourd'hui, grâce à ce roman gracieusement offert par les Éditions Au vent des îles.
Un mot tout d'abord sur cette maison d'édition, que je ne connaissais absolument pas. Basée à Tahiti, elle édite depuis 1988 des auteurs polynésiens et des livres ayant trait à l'Océanie. Dépaysement garanti en consultant le catalogue, ce que je vous invite à faire ici. Roman, théâtre, politique, légendes, beaux livres -parmi lesquels la nature occupe évidemment une grande place- ou encore bande dessinée ou jeunesse constituent des collections d'une grande variété.
Witi Ihimaera fut le premier romancier maori à être publié, en 1973. Fort d'une longue et vaste carrière (auteur de romans et de nouvelles, il écrit également pour le théâtre et le cinéma), il mène parallèlement une carrière de coproducteur et d'enseignant. Son douzième roman, La femme de Parihaka, vient de paraître en français. Et c'est avec joie et impatience que je l'ai vu arriver dans ma boîte aux lettres.
De la Nouvelle-Zélande, je connaissais les lieux de tournage du Seigneur des anneaux (je rêve d'ailleurs depuis des années d'y aller juste pour cette raison ), le haka des All Black (ma connaissance du rugby ne va pas plus loin) et le kiwi. Ça fait très cliché, je sais... Ah non! Je savais aussi que son nom maori signifie "le pays du long nuage blanc", appellation qui m'a tout de suite fait rêver. Mais j'admets que mes connaissances se limitaient plus ou moins à cela, ce qui est très peu. J'ai donc sauté à pieds joints sur l'offre qui m'était faite d'en découvrir davantage.
Erenora se sent chez elle à Parihaka, paisible campement de la région de Taranaki.
Mais lorsque son monde est menacé par la guerre qui oppose les tribus maories aux forces coloniales britanniques, elle doit trouver le courage et l'ingéniosité de protéger ceux qu'elle aime.
Ma lecture fut, dans un premier temps du moins, assez ardue. Pour plusieurs raisons.
Le vocabulaire maori dont est parsemé le roman, tout d'abord, nécessitant à plusieurs reprises un recours au lexique proposé en début d'ouvrage. Tous les termes n'y figurent d'ailleurs pas, mais leur sens est clairement identifiable grâce au contexte; la lecture en est simplement un peu ralentie.
La structure du récit a également constitué un frein momentané. En effet, le récit du narrateur (professeur à la retraite) alterne avec des extraits du journal de son aïeule Erenora, ainsi que de courts extraits historiques. La fiction, l'histoire, la politique se mêlent ainsi au fil des pages, ce qui demande d'une part un moment d'adaptation, et d'autre part un minimum d'attention si on veut éviter de se perdre sur le plan historique.
Nous suivons donc la vie d'Erenora, jeune maorie confrontée, durant les années 1870/80, à la colonisation de la Nouvelle-Zélande par les Anglais, alors que les tribus maories se voient spoliées de leurs terres. Une de ces tribus fonde une nouvelle communauté au pied d'une montagne appelée Taranaki et, afin de défendre leurs terres, ses chefs professent une résistance passive face à l'occupation anglaise. Mais le gouvernement colonial, bien décidé à s'imposer et à faire main basse sur tout le territoire, procède, outre des frappes pas vraiment chirurgicales, à des arrestations et emprisonnements arbitraires en grand nombre, décimant les villages maoris. Erenora, dotée d'un très fort caractère, prend alors la route, à travers les deux îles de la Nouvelle-Zélande, afin de retrouver la trace de son mari emprisonné.
Comme je le disais, Witi Ihimaera nous conte ces événements à la lumière -historique- des grands mouvements de contestations maoris, ce qui nous permet d'apprendre énormément de choses sur cette période troublée. Il y insère en outre des références à d'autres oeuvres, telles que L'homme au masque de fer, jetant ainsi des ponts avec notre culture occidentale.
C'est donc un roman très riche, très travaillé et fouillé, et par là très intéressant. J'ai personnellement eu du mal à y entrer, notamment parce que le début est très historique, et que j'étais perdue au milieu des chefs maoris aux noms -pour moi- imprononçables, menant batailles dans des lieux aux noms tout aussi imprononçables. Mais ceci est le point de vue personnel d'une lectrice dont l'histoire non-européenne et les langues étrangères ne sont pas vraiment le point fort. Le récit m'a semblé devenir par la suite plus linéaire, à moins que je ne me sois habituée aux paragraphes historico-politiques, et à partir de là ma lecture fut nettement plus aisée et donc plus agréable. J'ai alors pu m'attacher davantage à ce sacré bout de femme qu'est Erenora, malgré les différences culturelles nous séparant.
En conclusion, j'ai trouvé ce roman très intéressant, me permettant de découvrir tout un pan de l'histoire de la Nouvelle-Zélande et de sa population, même si un aspect plus exclusivement romancé m'aurait sans doute davantage séduite, en facilitant ma lecture.
Je remercie encore les éditions Au vent des îles, ainsi que leur attachée de presse Marie pour cette jolie découverte.
Si vous me cherchez, je serai en train d'essayer de convaincre Monsieur de me consacrer une soirée ciné (c'est que j'ai les 3 LOTR en version longue, et ça me démange depuis quelques jours, on se demande bien pourquoi...)