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Ce que Marguerite lit
8 mai 2014

La honte leur appartient - Maud Tabachnik

honte

Dans ce petit bourg de l'Est, le paysage s'est soudain figé, évoquant cette scène de février 1943 où deux familles juives ont été arrêtées par la Milice et déportées.
Il est revenu retrouver sa mémoire et affronter celle des autres.
Il est revenu demander justice à ceux qui ont brisé sa vie et celle des siens.
Il est revenu se heurter au clan de la honte.
D'ores et déjà, il sait que sa revanche aura un goût amer. 

Iluze nous propose en ce mois de mai de lire du policier/polar/thriller. Inutile de dire qu'il n'a pas fallu insister beaucoup. J'ai décidé d'en profiter pour découvrir des auteurs encore inconnus de moi. Je commence avec Maud Tabachnik; le suivant est en cours de lecture, et j'espère avoir le temps d'en lire un troisième, déjà choisi.

Un petit village de l'est de la France voit revenir avec étonnement un enfant du pays, après 20 ans d'absence. Enfin, "du pays", façon de parler : tous n'étaient pas prêts, 20 ans plus tôt, à lui accorder une place parmi eux. C'est que la famille Walter était juive, voyez-vous. Et en février 43, suite à une dénonciation, les parents et leur fille avaient été arrêtés et déportés. Ils mourront, comme tant d'autres. Seul le fils avait réussi à s'échapper, avant d'être pris en charge par une association de défense des Juifs, et de poursuivre ses études à l'étranger. 
Et le voici donc de retour, reprenant l'étude du notaire local, bien décidé à prouver que les notables du coin sont ceux qui ont détruit sa vie.

Je sors déçue de cette lecture. Non pas à cause de l'écriture de Maud Tabachnik, mais en raison des attentes que j'avais, erronément, en tête. J'attendais un suspense, une inquiétude allant crescendo dans le chef des personnes visées. Et ce ne fut pas tout à fait le cas. L'irruption dans l'histoire d'un fou, puis de deux hommes de main au cerveau directement proportionnel à l'étendue de leur vocabulaire m'a... M'a quoi, dans le fond? M'a fait me demander "Mais euh, enfin, pourquoi?". Ce n'est même pas une question de crédibilité, ou de style, ou de talent. C'est une rencontre ratée entre elle et moi, parce que, pour moi, la situation de départ se prêtait tellement bien à un roman d'atmosphère, à une plongée dans la psychologie des personnages, à un récit où la peur s'installe graduellement, où on se demande jusqu'où l'autre est prêt à aller.
A une réflexion plus poussée sur les choix personnels, aussi, sur la collaboration et ce que l'on aurait fait, soi-même, dans les mêmes circonstances.
Tout cela est abordé, certes, mais de manière trop superficielle à mon goût, et ce au profit d'une réflexion sur la folie dont je me demandais finalement pourquoi elle devait être "casée" dans ce roman-là en particulier. Il y avait clairement là matière à deux récits et je n'ai pas compris, je l'avoue, pourquoi l'auteur avait mélangé ces deux thèmes (encore une fois, cela se tient au niveau de l'intrigue, mon incompréhension porte sur le mélange des deux thèmes). 
L'ambiance, l'époque, les personnages (l'industriel adepte du droit de cuissage, le médecin qui a épousé une fortune plutôt qu'une femme, le propriétaire endetté d'un vignoble...) dépeignent une société refermée sur elle-même et sur ses prérogatives, très peu ouverte aux minorités plus ou moins visibles, gardant le silence sur les secrets du passé pourtant prêts à exploser. Et de nouveau, je regrette que l'accent ne soit pas davantage mis sur l'atmosphère lourde que tout cela engendre, plutôt que sur des morts finalement assez sanglantes.

Je retenterai l'expérience avec un autre titre de Maud Tabachnik pour lequel nous serons, je l'espère, sur la même longueur d'ondes.

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