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Ce que Marguerite lit
12 mai 2014

L'attentat - Yasmina Khadra

attentat

Amine, chirurgien israélien d’origine palestinienne, a toujours refusé de prendre parti dans le conflit qui oppose son peuple d’origine et son peuple d’adoption, et s’est entièrement consacré à son métier et à sa femme, Sihem, qu’il adore. Jusqu’au jour où, au cœur de Tel Aviv, un kamikaze se fait sauter dans un restaurant, semant la mort et la désolation. Toute la journée, Amine opère les victimes de l’attentat, avec pour tout réconfort l’espoir de trouver le soir l’apaisement dans les bras de Sihem. Mais quand il rentre enfin chez lui, au milieu de la nuit, elle n’est pas là. C’est à l’hôpital, où le rappelle son ami Naveed, un haut fonctionnaire de la police, qu’il apprend la nouvelle terrifiante : non seulement il doit reconnaître le corps mutilé de sa femme mais on l’accuse elle, Sihem, d’être la kamikaze… Amine ne peut tout d’abord admettre que sa femme, qui n’a jamais manifesté un attachement particulier à la cause palestinienne, ait pu commettre un acte aussi barbare. Pourtant, il doit se résoudre à accepter l’impossible quand il reçoit le mot qu’elle lui a laissé. Alors, pour comprendre comment elle a pu en arriver à une telle extrémité, il s’efforce de rencontrer tous ceux qui l’ont poussée à ce geste fou. Et doit écouter sans répit une vérité qu’il ne peut pas entendre.
Voila bien longtemps que je "devais" découvrir Yasmina Khadra. Longtemps aussi que cet Attentat attendait dans ma pal, sans que je me décide à l'ouvrir. J'avais peur, je crois, d'être laissée sur le bord de la route par un grand écrivain aux mots et au style impénétrables, sans compter le sujet pas facile. On se fait de drôles d'idées, parfois, n'est-ce pas? Cela dit, de grand écrivain il est bien question ici. 

On s'habitue malheureusement à tout. Aux guerres et aux drames comme au reste. Et ce conflit israélo-palestinien dure depuis si longtemps, s'enlisant dans des répliques de chacun des protagonistes, auxquels se mêle d'ailleurs une opinion mondiale divisée, que l'on peut finalement avoir l'impression que ça n'en finira jamais, que c'est devenu banal, qu'on n'y prête plus attention. Oubliant que derrière ces images dans les JT (que l'on zappe bien vite, le journaliste a prévenu, on a des enfants), il y a des hommes, des femmes, des gosses qui fêtaient un anniversaire. Yasmina Khadra a choisi de mettre en scène une terroriste, histoire de marquer davantage les esprits? Il a choisi aussi de la faire exploser dans un restaurant rempli d'enfants, et c'est une énorme boule qui se forme dès lors dans ma gorge, pour y rester un bon moment. Il a décidé que le mari sauverait des vies là où sa femme a fait le choix d'en détruire. Il a choisi de faire de son personnage un Arabe naturalisé israélien, nous plongeant ainsi dans les deux versants du conflit. Les deux versants et non pas les deux camps, car comment pourrions-nous décider de qui sont les bons ou les méchants, quand tous comptent et enterrent leurs morts? Quand une femme se fait exploser juste à côté d'enfants et qu'en face les chars répliquent aux cailloux lancés par d'autres enfants? Quel énorme gâchis humain que cette loi du talion qui prive des générations entières de terre, de maison, d'insouciance, d'avenir et tant de gens de leur vie. Et puis au coeur de l'Histoire, au coeur du conflit, il y a l'histoire de cet homme, entre incompréhension, douleur et culpabilité, qui, pour faire son deuil et avancer, a besoin de comprendre ce qui est certainement en grande partie incompréhensible. Car s'il trouvera peut-être le signe qu'il a manqué, ces mots prononcés par sa femme et qui auraient pu lui faire comprendre qu'elle avait rejoint la Cause, pourra-t-il, pourrons-nous, un jour comprendre comment on peut faire le choix, alors qu'on est en apparence tout à fait intégré, heureux, vivant confortablement, de renoncer à sa vie de cette manière?
J'ai découvert ici une très belle plume, sensible et touchante autant que "militante", dans le bon sens du terme c'est-à-dire dans parti pris. C'est un livre dur sur un sujet et une réalité qui le sont tout autant, mais qui n'occulte pas l'espoir. Car si la situation semble inextricable, il y a toujours, de quelque côté que l'on regarde, des personnes qui vont au-delà des apparences ou de l'appartenance et qui sont prêtes à tendre une main.

"Celui qui t'a dit qu'un homme ne doit pas pleurer ignore ce qu'homme veut dire"
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Commentaires
A
j'avais beaucoup aimé ce roman qui nous laisse pantois ...
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