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Ce que Marguerite lit
27 mai 2014

Reflex - Maud Mayeras

reflex

" À chaque fois, le même phrasé trivial au bout du fil, les mêmes gorges calcinées, gavées de fumée jusqu'aux lèvres. Et, chaque fois, cette même question : Tu es disponible, Iris ? Je suis toujours disponible. "
Iris, photographe de l'Identité Judiciaire, shoote comme d'autres boivent, pour adoucir la douleur. Pour oublier la mort de son fils, Swan, sauvagement assassiné onze ans auparavant. Henry Witkin, fruit d'une lignée chaotique de filles-mères, tue pour le besoin de se vautrer dans la chaleur des chairs. Il écorche ses victimes avec soin et collectionne leurs odeurs comme des trophées. Lorsque la canicule assèche la ville, lorsqu'elle détrempe les corps et échauffe les esprits, alors, les monstres se révèlent. Ce n'est que lorsqu'il est pris au piège que le Mal dévoile ses canines. Une histoire de cœurs étranglés, de mères aux crocs luisants, de prédateurs affamés.

 

Quatrième et dernière (?) lecture pour le challenge Un genre par mois consacré en mai au polar/thriller, et nouvelle découverte avec cette fois Maud Mayeras, dont j'avais entendu (enfin, lu) le plus grand bien sur les groupes de lecture.

La couverture nous annonce un thriller, et le moins que l'on puisse dire est qu'il est atypique. Iris est bien photographe à l'identité judiciaire, le roman débute bien par un appel sur les lieux d'un meurtre, mais on n'est pas dans le suspense insoutenable, tout cela n'est que prétexte. Le fond de l'histoire, c'est celle d'Iris, jeune femme solitaire, détruite aussi bien par son enfance que par le drame qui a ravagé sa vie : l'enlèvement et l'assassinat de son fils, dix ans plus tôt. 

" Pour oublier son rire, j'ai tenté de comprendre ceux qui avaient cherché à l'effacer. Pour oublier son visage, j'en ai cherché d'autres plus abîmés. Pour oublier la douceur de sa peau, je me suis entourée de corps froids. Et pour oublier son odeur, j'ai choisi la puanteur de la mort."

A la faveur d'un appel qui la ramène dans la ville de son enfance, le trou du cul du monde comme elle l'appelle, sous un soleil de plomb et une chaleur étouffante, Iris nous emmène dans ses souvenirs, auprès de son père malade, de sa croque-mitaine de mère, auprès de son fils aussi. Petit à petit, son histoire se dessine, sombre, dure.

Parallèlement, on découvre, de la Grande guerre à nos jours, d'un couvent pour filles-mères à une décharge publique, le destin d'une lignée de laissés-pour-compte. On se doute bien qu'un jour ou l'autre, un lien s'établira, mais Maud Mayeras prend son temps. Tout son temps. Elle nous tient en haleine grâce à des chapitres courts à l'atmosphère étouffante - toujours, cette chaleur infernale, au présent comme au passé.

Tout, ici, a fait que je n'ai pas pu lâcher ce roman. La construction, l'intrigue, le style, l'écriture nerveuse, ciselée, précise, la répétition d'une même phrase en début de chapitre. C'est un roman sombre et poignant, terriblement prenant et bien écrit, qui vous balade d'un bout à l'autre, qui vous laisse échafauder des hypothèses pour mieux vous mettre à terre et vous laisser sans voix à la toute dernière page. Parce que madame Mayeras ne se contente pas de vous asséner quelques claques au moment où vous ne vous y attendez pas. Des claques qui vous laissent KO un moment avant de vous obliger à reconsidérer ce que vous avez lu, ce que vous savez ou pensez savoir. Non. Alors que vous êtes à terre, que vous en avez pris plein la figure, que vous vous dites qu'elle a quand même vachement bien géré son affaire... elle en remet une couche et vous laisse littéralement bouche bée, sonné, effaré. Un roman, une histoire, un personnage que je garderai longtemps en mémoire.

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