Le dernier message de Sandrine Madison - Thomas H. Cook

Sam et Sandrine Madison enseignent tous deux - elle l'histoire et lui la littérature - à l'université de Coburn, en Géorgie. La nuit où Sandrine succombe à un mélange de vodka et de Demerol, on peut croire à un suicide. Le comportement singulier de Sam lui vaut cependant d'être accusé du meurtre de sa femme, malgré l'absence de preuves. Aux premières heures du procès, tout est envisageable : Sam semble sincèrement effondré et, à l'entendre, Sandrine avait de bonnes raisons de vouloir mourir. Pour autant, il n'est pas impensable qu'il l'ait tuée : plusieurs témoignages éclairent l'affaire d'un jour nouveau qui ne lui est pas favorable. Les souvenirs de l'accusé, qui se déploient en contre-point des attaques du procureur et des arguments de l'avocat de la défense, brossent un paysage conjugal d'une extrême complexité, embrouillant le jugement du lecteur. 

Sandrine et Sam se sont rencontrés alors qu'ils nourrissaient de grands projets : une carrière, un livre, la reconnaissance. Quelques années plus tard, mariés et parents d'une fille devenue adulte, l'heure est à la déception, à la rancœur, aux disputes. Cet homme cultivé, voire pédant, n'apprécie pas les choix professionnels de sa femme. Et lorsque Sandrine apprend qu'elle souffre d'une maladie grave, chacun semble se replier sur soi-même, peut-être sans savoir comment soutenir l'autre. C'est dans ces conditions que Sam trouve un soir Sandrine, morte, dans leur chambre. Il dit avoir cru d'emblée à un suicide (n'était-elle pas condamnée?), mais la police ne l'entend pas de cette oreille, notamment en raison de ce qui semble être une mise en scène, mais aussi du caractère cynique de Sam. Ce dernier est accusé, inculpé, rejeté par cette petite ville de province dont il abhorre visiblement les mentalités. 

C'est au premier jour du procès de Sam que débute le roman, dont il est le narrateur. Petit à petit, au gré des pensées dans lesquelles il se perd pendant les témoignages et contre-interrogatoires, on découvre ce que fut leur vie commune, depuis leur rencontre jusqu'à la mort de Sandrine. Les souvenirs vont et viennent, certains faits ou déclarations trouvent une explication, à la fois dans l'esprit du lecteur et dans celui de Sam, contre qui les preuves semblent s'accumuler. Alors que leur vie privée est jetée en pâture, l'auteur nous plonge au cœur de ce couple complexe, et nous place plus particulièrement face à Sandrine dont on a parfois bien du mal à comprendre les réactions.

Le dernier message de Sandrine Madison n'est donc pas un polar classique qui tient le lecteur en haleine tout au long de la recherche du coupable. L'intrigue se centre ici sur cette seule question : meurtre ou suicide? Coupable ou innocent? Pour autant, il ne s'agit pas d'un roman de prétoire, puisque c'est toute la vie conjugale qui est passée en revue. Le fil conducteur qu'est le procès donne par contre un vrai rythme au récit, qui se lit très vite. L'auteur nous fait naviguer entre amour, haine et passion. C'est un roman qui parle de l'amour et de sa perte, des efforts qu'il aurait fallu fournir, d'indifférence, de non-dits, de regrets peut-être, à travers ce mariage (et son échec) qu'il décortique. Un bémol toutefois pour la fin, un peu rapide selon moi.

Merci au Seuil pour ce roman remporté sur sa page facebook.

Comments

[Jacqueline]

J'ai beaucoup aimé ce roman ..... J'ai ressenti compassion, respect et admiration pour Sandrine lorsque la vérité se fait jour.... et la fin m'a particulièrement émue ...