A l'occasion de la réédition en poche du deuxième tome des enquêtes de notre cher commissaire Mallock, Paikanne en avait proposé une lecture commune, avec mise en ligne entre le 25 octobre et le 8 novembre. Figurez-vous que j'étais tellement dans les temps que ce billet était programmé depuis 2 jours ! Ça vous en bouche un coin, n'est-ce pas?
Une Tour Eiffel, un ciel bleu, un soleil citron, une petite fille en robe jaune à pois blancs, ses parents, son frère, un policier en sueur… Ils sortent de l’ascenseur quand l’homme en uniforme ouvre le feu : massacre sur la tour Eiffel !
Ainsi commence l’enquête du commissaire Mallock.
Mais ce n'est pas un cas isolé, un peu partout en France, les massacres s'enchaînent selon le même mode opératoire. Une secte ? Des terroristes ?
Il y a quelques mois, je découvrais les deux Mallock. L'auteur, d'abord : sa plume, son style, à la fois réaliste et poétique, ses récits hyper documentés, la tendresse qui transparaît pour ses personnages. Le commissaire, ensuite : son ton bourru, ses fêlures, sa hargne, sa volonté, son amour pour son équipe et la bonne chère. J'avais dit à l'époque à quel point j'avais aimé ce personnage atypique, avec sa compassion, sa façon de travailler et de me mettre l'eau à la bouche (note pour l'auteur s'il venait à passer par ici : il n'a pas fallu 2 jours avant que je me prépare la tomate-mozzarella à l'idée de laquelle je salivais tant et plus).
C'est donc toute excitée que j'ai enfin ouvert ce deuxième volet. Ouch ! Ce massacre-là porte bien son nom. C'est Gruz, je crois, qui a dit que même les scénaristes américains n'arriveraient pas à mettre en scène un tel déploiement de violence. Je plussoie : l'industrie du ketchup n'y survivrait pas. Trêve de plaisanterie. La violence y est, comme le titre le laisse supposer, exacerbée, certaines scènes sont apocalyptiques, et j'avoue avoir eu plusieurs fois le coeur au bord des lèvres. Mallock ignore certainement quelle est ma pire phobie (non, pas les araignées, l'autre), mais qu'il sache qu'une certaine scène dans une certaine classe m'a fait un effet certain. Ajoutez à cela que, d'innocents, il est effectivement question, et vous comprendrez que ce roman m'a mis, plus d'une fois, très mal à l'aise. Mais dans le bon sens du terme, qu'on se rassure : l'auteur appuie juste où ça fait mal, et c'est exactement ce que l'on attend de lui. C'est gros, c'est même énorme, mais c'est suffisamment plausible, documenté et argumenté pour qu'on soit scotché du début à la fin, le coeur battant à tout rompre à l'idée d'une nouvelle tuerie, à l'idée, aussi, que l'équipe de Mallock soit elle-même touchée, et priant pour qu'il arrête vite coupable et massacres (mais pas trop vite, quand même : on aimerait que le livre dure encore un peu... Maso? oui, sans doute).
Parallèlement à ce déferlement de violence, Mallock nous emmène un peu plus loin dans l'intimité et le passé de son commissaire, dont il avait déjà esquissé quelques traits dans le titre précédent. Et on comprend alors d'autant mieux le personnage, sa complexité, ses réactions et son comportement. Là encore, il se joue de nos (de mes?) angoisses les plus profondes, et je me retrouve, plus encore que dans Les visages de Dieu, complètement accrochée à cet homme dont je voudrais apaiser les souffrances.
Je devais avoir l'air fin, tiens, dévorant avidement quelques pages entre deux cours, profitant de chaque occasion, les cheveux se dressant certainement sur ma tête au fil de ma lecture.
Dès les premières pages, j'ai été happée par ce roman dont il m'a été impossible de sortir avant de l'avoir terminé (et même après, en fait) et qui m'a laissée soufflée, hébétée, horrifiée. Je ne suis pas sûre que cet opus sera mon préféré, malgré toutes ses qualités, son rythme, son ambiance, son style (la faute à son thème et à ses victimes, dont je n'arrive pas à me détacher), mais je sais en tout cas qu'Amédée Mallock est officiellement mon flic préféré. Vivement la suite !