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Ce que Marguerite lit
26 février 2015

Blog - Jean-Philippe Blondel

blondel-blog

Il y a encore quelques années, ado, nous écrivions nos secrets et nos colères dans un journal, avec un cadenas et un autocollant sur la couverture, assorti à celui qui barrait la porte de notre chambre. Défense d'entrer. Défense de lire. Et quand on voulait les partager, ces secrets, on attendait la récré. Aujourd'hui, technologie oblige, c'est sur les blogs que ça se passe. Les secrets n'en sont plus vraiment. Les amis connaissent le lien, "lâchent leurs com' ", et le monde entier peut y lire nos états d'âmes... sous couvert d'anonymat. Sauf que. Sauf que les parents n'en ont pas moins la possibilité, s'ils le veulent, d'y accéder également.

Lorsque le narrateur, un jeune de 16 ans, découvre que son père a, volontairement, lu son blog, il décide de ne plus lui adresser la parole. Et il tient bon. L'ambiance à la maison devient pénible, la mère tente difficilement de relier ses deux hommes, mais rien n'y fait. Pour se racheter? pour s'expliquer?, le père dépose alors devant la porte de la chambre de son fils un carton poussiéreux, descendu du grenier, contenant des photos et des carnets. A charge pour lui d'y plonger, et de découvrir que son vieux a lui aussi été un adolescent, avec ses rêves, ses espoirs et ses souffrances. 

Sous ses airs de rien, derrière l'impression première que l'on est là face à un livre prétexte à aborder avec nos ados la difficile question de l'intimité (où on est tenté de se dire "Mais mon Coco, si tu ne voulais pas qu'il le lise, il ne fallait pas le mettre en ligne"), Blog est en fait tout autre chose. C'est un roman sur la filiation, sur la difficulté à être parent, à accompagner son enfant même dans ce qui nous fait souffrir, dans ce qui rouvre nos anciennes blessures; celles qu'on avait préféré cacher sous un grossier pansement, pour s'en débarrasser, pour faire comme si jamais elles n'avaient existé, plutôt que de les soigner sous le baume du temps et de la délicatesse. 

J'ai beaucoup aimé cette histoire d'un homme qui voulait écrire mais qui l'a oublié, les années passant. Ce parallèle entre le père qui noircissait des carnets et son fils qui, une génération plus tard, fait sensiblement la même chose sur son blog. Cette boucle qu'ils vont boucler, ensemble. J'ai beaucoup aimé également la sensibilité qui se dégage de la plume de Jean-Philippe Blondel, surtout dans les extraits relatifs au père. Le style marie l'écriture moderne du jeune blogueur et celle plus classique qui était employée par son père (un bémol cependant pour l'aspect trop "adulte" des propos tenus par l'ado, dans la narration elle-même). J'ai aimé, aussi (surtout?), que l'ensemble du récit repose sur l'écriture. Sur le fait qu'écrire est parfois à la fois plus simple et bien plus fort que parler. Sur l'importance qu'a l'écriture dans la vie des deux hommes. Sur l'effet de miroir qui s'opère entre le père et le fils, avec 20 ans d'écart. 

En conclusion, c'est une très jolie découverte que ce roman, surtout dans sa deuxième partie, très riche en émotion.

 

Challenge 1 mois 1 consigne - Février : Le genre favori (jeunesse pour moi)

Challenge1mois

 

 

Challenge Lecture 2015 - Catégorie : Un livre d'un auteur que vous n'avez jamais lu

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