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Ce que Marguerite lit
16 juillet 2015

Une vie à soi - Laurence Tardieu

une vie à soi

À quoi cela a-t-il tenu ? À la solitude d’un jour d’automne, à la tristesse tenace de ces derniers mois, au souvenir inattendu du Jeu de paume où elle se rendait parfois enfant ? Peu de choses, en somme, qui conduisent Laurence T. à pousser la porte de l’exposition consacrée à la photographe Diane Arbus. Le choc, d’abord esthétique, devient peu à peu existentiel. La narratrice va revisiter son histoire personnelle et familiale à la lumière de celle de Diane Arbus, jumelle soudain découverte. Leurs histoires se répondent [...]

 

C'est un roman sur la solitude, sur l'angoisse, sur la recherche éperdue d'un sens. Un roman sur la rencontre, à 40 ans de distance, entre l'auteure Laurence Tardieu et la photographe Diane Arbus, lorsqu'elle visite une exposition qui lui est consacrée.

La première est en pleine page blanche, en pleine dégringolade, craignant les difficultés financières, séparée du père de ses filles, rejetée par sa famille après avoir osé écrire sur les problèmes judiciaires de son père. La seconde, qui s'est suicidée 40 ans plus tôt, était une photographe tantôt reconnue tantôt montrée du doigt pour avoir osé montrer le corps, la richesse, la pauvreté, élevant elle aussi seule ses deux filles. Le livre est le récit d'une année passée à se pencher sur la vie de Diane Arbus, sur son oeuvre, sur ses paroles. Laurence Tardieu est dans le parallélisme, le va-et-vient, la comparaison entre elles, qu'il s'agisse des affres de la création, de leur vie amoureuse ou de leur trajectoire sociale, toutes deux étant issues d'un milieu aisé qu'elles auront décidé de quitter, pour vivre leur art. Ce parallélisme m'a parfois paru tourner à l'obsession, à la recherche, coûte que coûte, d'un sens à ce qui lui arrive maintenant, sens qu'elle cherche dans la vie d'une femme décédée 40 ans plus tôt, et qu'elle trouve notamment en optant pour la même base de travail (l'écriture avec des malades mentaux répondant à une série de photographies réalisée par Diane Arbus). 

La plume de Laurence Tardieu est particulière, personnelle. Elle est faite d'introspection, de va-et-vient, de phrases longues et répétitives parfois. Et alors même que la lecture en est facile, "coulante", je trouve que ça la complique à d'autres moments. Lorsqu'elle relate ses rêves, ses cauchemars, par exemple, c'est lancinant au point de tourner presque davantage à l'exercice de style qu'à un style personnel : les paragraphes sont sans fin, sans ponctuation, ils "tournent en boucle". 

L'écriture de Laurence Tardieu est faite de sensibilité aussi, qui affleure à chaque phrase, peut-être un peu trop parfois. On sent combien l'écriture est importante, vitale pour elle (tout comme la photographie l'était pour Diane Arbus), combien elle ne peut envisager une autre voie, et combien l'incapacité d'écrire dans laquelle elle se débat au début du récit la mine, l'angoisse. Elle ne nous cache rien de son ressenti, de ses craintes, de ce besoin physique d'écrire, ni des répercutions qu'ont pu avoir certains de ses textes. Mais je dois reconnaître que certains chapitres (ceux consacrés à ses rêves, justement) ne m'ont pas passionnée et m'ont semblé n'avoir pas leur place dans ce récit qui aurait pu se "contenter" de nous narrer sa rencontre avec Diane Arbus, la façon dont elle s'est reconnue en elle, et ce qu'elle en a retiré. J'ai regretté aussi un côté (impression tout à fait personnelle et subjective, je l'assume) très "pauvre petite fille riche", très "bourgeoisie parisienne qui se regarde le nombril". Certes, nous sommes ici dans un roman autobiographique, ceci explique sans doute cela. 

Une lecture en demi-teinte donc, et dont je suis incapable de dire clairement ce que j'en ai pensé. J'ai une impression de "trop" -trop de style, trop de comparaison, trop d'introspection- qui m'a gênée dans ma lecture, tout en reconnaissant que l'écriture est sensible et la narration originale, et en ayant ressenti tout ce que cette rencontre a pu lui apporter, à quel point elle a pu l'aider à se relever dans une période où elle était particulièrement désemparée.

J'avais découvert Laurence Tardieu l'année passée, avec Un temps fou. Déjà à l'époque, je lui avais reconnu une jolie plume, mais j'avais regretté une impression de tourner en rond, en raison notamment des nombreuses répétitions qui m'avaient rapidement agacée. C'est râlant, de sentir que je pourrais adhérer totalement, s'il n'y avait ce petit quelque chose qui coince entre elle et moi...

 

15ème lecture de la rentrée littéraire

challengerl2014

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Commentaires
A
"Laurence Tardieur" est un anagramme exact de "Alinéa réducteur", ce qui explique sans doute son style linéaire, presque liquide. :-) <br /> <br /> Remarquez, ça marche aussi avec "Étudiera lucarne", perspective qui devrait lui permettre de condenser le contenu de ses captivantes baguenaudes, pour le plus grand avantage de ses lecteurs impatients.
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D
Un roman bouleversant, une plume qui remue. Laurence Tardieu for ever!!!!
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