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Ce que Marguerite lit
7 novembre 2018

Trois fois la fin du monde - Sophie Divry

divry

Ça commence comme un roman noir : Joseph Kamal, arrêté lors d'un braquage manqué au cours duquel son frère a été abattu, découvre la prison, ses occupants, sa violence. Première fin de son monde.

Ça se poursuit comme un roman post-apocalyptique, tendance nature writing (on pense à "Dans la forêt" de Jean Hegland) : après une catastrophe nucléaire, une partie de la France est vidée de ses habitants. Deuxième fin du monde. L'occasion pour Joseph de repartir de zéro, en se terrant dans une maison abandonnée, profitant, dans un premier temps, des potagers délaissés et des provisions laissées sur place. Il n'a d'ailleurs pas vraiment le choix : il sait que, s'il rejoint la civilisation, il devra terminer de purger sa peine.

Le temps passant, ce qui était au départ une obligation, sa seule chance de rester libre, devient un plaisir : le goût de la liberté retrouvée. Le temps d'observer la nature qui l'entoure. La fierté de faire pousser ses propres légumes, de se coucher fatigué d'avoir jardiné. S'il peste bien sur la difficulté de ces tâches toujours à recommencer, il s'accroche, prenant goût à cette vie d'ermite, redécouvrant la nature dont la prison l'avait privé. 

Le temps passant toujours, l'hiver s'installant, la (sur)vie devient pourtant de plus en plus difficile... 

C'est un récit tout en intériorité, en introspection, en monologues, à partir du moment où Joseph passe de l'enfermement à la liberté. Un récit empreint d'une telle solitude, qu'on s'attendrait presque à le voir parler à une boîte de cassoulet pour briser ce silence qui n'en finit pas. J'exagère, c'est vrai. Mais je n'étais pas loin de trouver tout ce silence oppressant; je pense que je deviendrais vite folle, dans la même situation. Joseph, cependant, sort de prison et goûte donc ce calme et cet isolement autant qu'il le peut, après la violence et l'humiliation. Malgré tout, le manque de nouvelles du monde extérieur, de contacts, de chaleur, lui pèse.

Il y a quelque chose de poétique, d'hypnotique, dans la partie principale de ce roman. Une ode à la nature, un remerciement pour ce qu'elle nous offre - nourriture et ressourcement - doublé d'une mise en garde. Il m'est venu des envies de m'étendre dans l'herbe, de refaire des confitures, d'apprendre les arbres et les oiseaux. Avant qu'il ne soit trop tard? 

 

C'était le cru 2018 des Matchs de la Rentrée Littéraire #MRL18 #Rakuten

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