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Ce que Marguerite lit
11 janvier 2014

En toute impunité - Jacqueline Harpman

impunité

Les dames de la Diguière tirent le diable par la queue. Propriétaires désargentées d'un domaine qu'elles n'ont plus les moyens d'entretenir, elles se battent pour conserver leur héritage, une maison du XVIIIe siècle belle à couper le souffle. Ces princesses déguenillées couronnées de liseron règnent sur les orties, changent la pauvreté en fantaisie et vivent de maigres salaires en attendant mieux. En attendant quoi ? Elles ne laisseront pas le hasard décider de leur vie, elles construiront leur salut et trouveront le sauveteur imprudent qui paiera cher sa générosité et ses bonnes intentions. Ce roman est une comédie sur le bien et le mal, que raconte un narrateur éberlué mais complice. On commence avec le sourire, on finit chez Les Diaboliques. Ces la Diguière si convenables seraient-elles de gracieuses criminelles ? Le bonheur est-il dans le crime ? En toute impunité.

Pour cette seconde participation au mois de la littérature belge francophone, j'ai opté pour Jacqueline Harpman (peut-on vraiment faire l'impasse?). Quant au titre, je l'ai choisi... pour sa couverture, représentant L'empire des lumières, tableau peint par Magritte en 1954 (on a dit belge? allons-y à fond)

Un soir, très tard, Jean, un architecte sexagénaire et célibataire, tombe en panne de voiture et demande l'hospitalité aux dames de La Diguière. Enfin... l'hospitalité contre espèces sonnantes et trébuchantes. C'est que la propriété tombe en ruine et que chaque euro compte pour la maintenir à flot. La famille, entièrement composée de femmes (Albertine, ses filles Charlotte et Sarah, ses petites-filles Adèle et Clémence, et enfin Madeleine) peine à joindre les deux bouts, et se demande avec angoisse comment financer les réparations indispensables. Voici donc Jean hébergé par ces dames pendant plusieurs jours, partageant leur table mais aussi les coups de téléphone de la grand-mère, dont il comprend rapidement qu'elle est à Vichy (voyage payé en revendant son secrétaire) afin d'y trouver un mari, de préférence très riche et très vieux, histoire d'en hériter rapidement, la toiture ayant urgemment besoin de travaux. Ces conversations téléphoniques, auxquelles participe toute la famille (y compris Madeleine, la domestique qui s'avère être également la soeur de Madame la Diguière) sous le regard éberlué de notre voyageur perdu, sont franchement très drôles. Tout le roman est en fait parcouru d'un humour, parfois noir, et d'une ironie qui font mouche. Après quelques jours, la dame trouve chaussure à son pied et le narrateur, ayant récupéré sa voiture, rentre chez lui. Fin du premier acte. 
Un an plus tard, de passage dans la région, il décide de rendre visite à ces dames et de satisfaire en même temps sa curiosité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci se trouve satisfaite! Par la bouche de Madeleine, la domestique, il apprend les événements qui se sont produit depuis l'arrivée du riche nouvel époux, qui a quelque peu chamboulé la maisonnée. 
Pas de grand suspens ici, la quatrième de couverture est assez claire à ce sujet, mais un livre que j'ai néanmoins dévoré d'une traite. L'écriture est très belle; la langue est très belle, les personnages s'attachant, selon leurs propres termes, à parler un français impeccable. Le tout est très fluide et se lit facilement, y compris la deuxième partie qui consiste principalement en un récit, fait par Madeleine, des événements et des dialogues survenus durant les mois précédents. Je me suis en outre attachée rapidement à ces personnages pleins de vie et de verve, ainsi qu'à la Diguière elle-même, à laquelle on voudrait également rendre son lustre d'antant. Le tout se double d'une intéressante réflexion sur les limites de chacun, sur le poids du secret, même si personnellement je me suis davantage attachée à l'écriture et au talent de madame Harpman. 

belge

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Commentaires
D
Je suis en train de lire son 1er livre, c'est vrai que son style est fluide et agréable.
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