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Ce que Marguerite lit
22 mars 2014

Un temps fou - Laurence Tardieu

un temps fou

" J'ai peur de vous revoir. Peut-être aurait-il mieux valu en rester là, comme nous l'avons fait depuis six ans, conformément à je ne sais quel accord tacite passé entre nous : ne pas nous revoir, jamais, garder au creux de nous cette longue nuit irréelle comme un secret qui n'appartient qu'à nous. Peut-être, au fond, l'accident est-il celui de notre rencontre, pas du silence qui s'ensuivit. Les vies sont si fragiles, si incertaines. On croit parfois leurs fondations solides, on s'émerveille du chemin parcouru, puis, comme ça, soudainement, pour un éblouissement, elles volent en éclats, se fracassent contre un rêve. Qui peut se prémunir de ça ? Qui peut se croire assez fort pour ne jamais chuter, pour ne pas désirer céder à ce qui un instant l'a fait défaillir ? J'ai peur de vous revoir, mais comme j'en suis heureuse. "


Six ans plus tôt, Maud, écrivain, trentenaire, mariée et mère d'une petite fille, a passé une nuit à bavarder avec un inconnu. Six années durant, elle n'a cessé d'en caresser le souvenir, de le rêver, de l'imaginer. Un jour, il reprend contact pour lui proposer de travailler ensemble...

Un temps fou, c'est le temps qu'il faudra à Maud pour connaître cet homme qui lui inspire une telle passion. C'est aussi le temps qu'il m'aura fallu pour lire ce roman. Vous l'aurez compris, à l'issue de cette lecture, je suis déçue.

Déçue, non pas tant par l'écriture de Laurence Tardieu, à qui je reconnais une jolie plume -délicate et sensible, les phrases se faisant parfois dépouillées comme pour mieux traduire l'écart entre la vie menée et l'homme fantasmé-  mais par ce va-et-vient sentimental dans lequel je n'ai pas réussi à entrer. Car non, je n'ai pas réussi à entrer dans la peau de cette femme qui pense beaucoup mais n'ose pas dire à l'autre. L'absence de dialogue, de contre-point m'a réellement gênée. Me glisser dans la tête de cette femme amoureuse me tentait, pourtant. Savoir ce qu'elle pense, ce qu'elle ressent, pourquoi elle a été séduite. Mais j'ai rapidement eu l'impression de ne pas avancer, de tourner en rond, impression renforcée par le choix d'une chronologie éclatée, entre présent, passé(s) et futur. Est arrivé un moment où j'ai perdu le fil, sans vraiment avoir envie de le retrouver. J'ai malgré tout poursuivi ma lecture, "pour savoir", mais sans être plus motivée que cela.
Là où j'aime que les personnages de Laura Kasischke ressassent jusqu'au vertige les mêmes idées et questions, le procédé pourtant semblable m'a ici rapidement agacée. Incompréhension face à la passion de cette femme, parce qu'elle ne s'en explique pas? Agacement devant la répétition de certaines phrases (je pense par exemple aux "longs cheveux" de sa fille, sur lesquels elle revient plusieurs fois durant la première partie du roman) ? Déboussolement face à la chronologie choisie par l'auteur? Sans doute un peu de tout cela et ce, je le redis, malgré une écriture qui, en elle-même, m'a pourtant charmée dans un premier temps.

Je garde le sentiment d'un rendez-vous raté avec une auteure qui, sans doute, pourrait me plaire et dont je devrais, peut-être, ouvrir un autre roman...

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